Souriez…
En fait… ça suffit.
Voilà, c’est sûr : ça suffit. « Trop is te veel » comme on dit chez nous.
Cette semaine, nous étions dans le sud de la France. Quelle chance de pouvoir faire du télétravail ! Tandis qu’il pleut des cordes en Belgique, nous goûtons à un autre air et nous savourons ce bonheur.
Comme je le dis souvent : prenons des photos des moments doux ! Ca nous aide à remettre des billes dans le pot quand on en a besoin.
Des photos, on en a plein : une fleur, une boulangerie, un sanglier… et même des nuages ou de la pluie. Ici, tout est joli.
Ce que j’aurais aimé, c’est une photo de famille. C’est un vrai challenge pour un groupe de six s’il faut que chacun regarde l’objectif, sourie et se trouve bien ensuite. Puis il faut trouver la bonne astuce pour tenir le téléphone et lancer le retardateur. On a beaucoup ri la fois où on a utilisé un volet… qu’un coup de vent a ouvert pile au moment du déclenchement.
Alors c’était une belle surprise de tomber sur un photographe sur une plage. « On pourrait avoir une photo de nous devant la mer ? Juste une photo, ça nous ferait plaisir ! »
La petite photo se transforme en un vrai shooting. Mince ! On a des réunions… Au plus le temps passe, au plus les sourires des parents sont crispés. Pourvu qu’on en ait quand même une bonne. Juste une. Avec cette lumière, ce bleu… c’est tellement énergisant !
Rendez-vous le lendemain en boutique pour découvrir le résultat. Les clichés sont superbes. Juste un détail : c’est en noir et blanc.
« Evidemment ! C’est notre manière de travailler depuis 25 ans. On ne fait pas de couleur, c’est moche. »
Nous sommes d’abord sans voix. C’est l’ado rebelle qui brise le silence la première : « J’ai trop le seum ! » C’est sa manière à elle d’exprimer sa déception. On essaie d’insister : en couleur, ce n’est pas possible ?
« Mais non. Personne ne demande ça. Je n’ai même pas les fichiers sources ! »
Nous continuons de regarder les photos mais le cœur n’y est pas. En bonne « type jaune », je rebondis : on en fera d’autres. Puis on a toujours le volet à la maison pour faire des photos de nous.
C’est là que ça bascule.
Notre interlocutrice doit sentir que la vente lui échappe. « Mais c’est tout ce qui vous arrête, la couleur ? » Et là elle nous propose de jeter un œil… aux fichiers sources… sur son ordinateur. Pour nous montrer la taille des impressions photos, elle ouvre une commande et nous présente de superbes clichés… en couleur.
« Oui, je ne sais pas ce qu’il se passe cette semaine : ils veulent tous de la couleur. »
C’est décidé : ça suffit.
On n’a pas de temps à perdre avec des vampires énergivores*. Fichtre, il faut avouer qu’ils ne sont pas toujours faciles à démasquer… Mais en y réfléchissant bien, quand on ralentit, on les repère mieux.
Prenons l’exemple de ce glacier, rencontré juste après l’épisode des photographes.
« Je peux vous aider ? » J’ai répondu « On regarde… ». Mais si les enfants regardaient les parfums, moi je l’observais lui. Je l’ai vu souriant, patient devant ces touristes hésitants. Je l’ai vu répéter gentiment plusieurs fois ses questions à une petite dame malentendante.
Alors, j’ai lancé le go à mes enfants. Et j’ai remercié le marchand pour sa bonne énergie au moment de clôturer la vente. « Ben, c’est normal : on vend du bonheur aux gens. » m’a-t-il répondu.
Eh bien voilà, c’est ça que je veux. Je veux du bonheur. Et s’il faut parfois sortir de la monnaie pour en acheter, il est hors de question d’accompagner ce paiement de billes.
Si j’avais pris le même temps d’observation il y a quelques jours, ça m’aurait évité de donner des billes avec mon billet à cette vendeuse de glaces qui soupirait en préparant nos cornets. « Je crois qu’on l’a excédée » a dit l’un des enfants. « Bah, elle est comme ça avec tout le monde, regarde. » a répondu un autre.
Ca fait quelques mois que j’utilise cette métaphore du pot de billes pour partager ma vision du « prendre soin de soi ». Aujourd’hui, je décide de faire de mon pot mon bien le plus précieux.
Alors, chers vampires, ça suffit. Sachez que la prochaine fois, je passerai mon chemin… pour garder le sourire.
* Le bus qui donne des ailes (Gordon)
« Aujourd’hui, je décide de faire de mon pot de billes mon bien le plus précieux.«
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