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Nos trois tamis

Alors que ma fille aînée termine ses secondaires et qu’elle est sur le point de s’engager dans le bachelier infirmier, je la défie : « Tu fais quoi si quelqu’un te dit en stage que tu es nulle, tu ne sers à rien ou tu devrais changer d’études ? »

La réponse fuse : « Je réponds : Nice, je te retourne le compliment. C’est bon ça ? »

Je repense alors à une discussion que j’ai eue la semaine dernière avec une étudiante infirmière bientôt diplômée. Elle partageait un retour d’expérience en stage et était encore touchée par ses échanges avec sa référente qui, après de nombreux reproches, avait conclu : « Si je te dis tout ça, c’est pour ton bien, hein ! ». L’étudiante n’a pas osé répondre et a emporté sa peine dans son sac à dos.

Une autre étudiante me vient à l’esprit. Moi qui ne suis pas du tout physionomiste, je me souviens encore parfaitement de son visage. C’était il y a plusieurs années : ma collègue et moi l’avions convoquée suite à un retour négatif du terrain. Quand elle est entrée dans notre bureau, nous étions surprise par ce petit bout de femme énergique et sans filtre. Mais, finalement, dans son discours le fond était bon. C’est la forme qui posait problème.

La communication… C’est bien cette compétence que nous devons muscler quel que soit l’âge ou l’environnement.

L’histoire des trois tamis de Socrate pourrait nous inspirer. C’est une parabole ancienne qui illustre l’importance de filtrer l’information avant de la partager.

Un jour, un disciple vint trouver Socrate et lui dit :

– « Maître, il faut que je te raconte comment ton ami s’est comporté. »

– « Attends ! » l’interrompit Socrate. « Avant de me raconter quoi que ce soit, as-tu réfléchi à ce que tu vas dire et passé cela par les trois tamis ? »

– « Les trois tamis ? » demanda le disciple.

– « Oui, » répondit Socrate. « Voyons voir si ce que tu as à me dire peut passer par les trois tamis. Le premier tamis est celui de la vérité. As-tu vérifié si ce que tu veux me dire est vrai ? »

– « Non, je l’ai entendu dire par d’autres, » dit le disciple. « Je ne sais pas si c’est vrai. »

– « Très bien, » dit Socrate. « Donc tu ne sais pas si c’est vrai ou non. Essayons le deuxième tamis, celui de la bonté. Ce que tu veux me dire sur mon ami, est-ce quelque chose de bon ? »

– « Non, au contraire, » répondit le disciple. « C’est quelque chose de mauvais. »

– « Alors, » continua Socrate, « tu veux me dire quelque chose de mauvais sur lui, mais tu n’es même pas sûr que ce soit vrai. Voyons voir le troisième tamis, celui de l’utilité. Est-ce que ce que tu veux me raconter est utile pour moi ? »

– « Non, pas vraiment, » admit le disciple.

– « Eh bien, » conclut Socrate, « si ce que tu veux me dire n’est ni vrai, ni bon, ni utile, pourquoi voudrais-tu me le dire ? »

Le disciple, honteux et embarrassé, ne trouva rien à répondre et se tut.

Cette histoire nous enseigne une leçon précieuse sur l’importance de vérifier la véracité, la bonté et l’utilité de l’information avant de la partager. En appliquant ces trois tamis, nous pourrions éviter de propager des rumeurs, des méchancetés et des informations inutiles.

Finalement, nous pourrions peut-être nous appuyer sur cette sagesse des trois tamis de l’émetteur pour élaborer les trois tamis du receveur. Comment l’aider à trier les informations reçues ?

Gardons comme premier filtre, la vérité : « Est-ce que cette information est vraie ? » Si je n’en suis pas sûr, je cherche des preuves. Une information non vérifiée peut semer la confusion et induire en erreur.

En second filtre, considérons l’utilité : « Est-ce que cette information est pertinente ? » Il y a beaucoup de choses vraies dans le monde mais elles ne sont pas toutes importantes pour chacun. Si l’information n’a pas d’impact direct sur ma vie, mes décisions ou ma compréhension du monde, je la mets de côté.

Le troisième filtre serait donc la bonté ou la bienveillance : « Est-ce que cette information est transmise avec bienveillance ? » L’idée est de réaliser que si l’information est vraie et pertinente mais véhiculée avec malveillance, critique ou négativité inutile, je suis moins capable d’intégrer le contenu. La bienveillance dans l’information aide à maintenir une perspective positive et constructive.

Ma chère fille, si je pouvais formuler un vœu, ce serait celui-ci : quelles que soient tes expériences durant les prochaines années, n’oublie pas tes tamis… quand tu écoutes… ou quand tu parles. Les tamis sont nécessaires dans les deux sens.

N’imagine pas que c’est facile. C’est un travail quotidien pour chacun de nous.

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