C’est l’heure de la soupe
Qu’il est bouillonnant, ce mois de décembre. Il n’a commencé que depuis quelques heures mais je me sens déjà emportée dans un tourbillon.
Nous nous apprêtons à recevoir le Grand Saint-Nicolas « Mais vite ! Comme ça après on pourra aller chercher le sapin », nous disent les enfants. Armés de leurs hormones et des stress des adolescents, ils sont une invitation permanente à la pratique de la Communication Non-Violente.
A côté de ça, dans nos jobs la fin de l’année rime avec bilans, synthèses, comptabilité, projets, perspectives. Et si je souhaite m’évader à travers une pause télé ou un peu de surf sur les réseaux, entre les rétrospectives 2023 et les vitrines des collègues, je sens davantage encore le pot de billes se vider.
Trop d’infos. La tête ne suit plus. J’en fais une soupe : Calendrier de l’Avent… avant… avant l’Avent… Je n’ai pas terminé ce projet sur lequel je travaillais… Procrastination… Non, surcharge… Non, défis… Projets ?… Projets !… Synthèse… Et si ?… Non… Mais oui… Il faudrait… Non, je veux… Je dois ?… C’est beau ça chez les autres… Mais… Enfin… Cadeaux !… On en est où ?… Manger ?… Quoi ?…
Je bugge.
Je bugge et j’ai froid. Fichue Belgique avec qui le soleil semble fâché les 3/4 de l’année. J’exagère ? Peut-être (mais à peine).
Assise à mon bureau, je contemple l’état d’avancement d’une présentation. Factuellement, je constate que je n’ai pas reculé. De là à dire que j’avance… Petite pirouette d’infirmière : « ça suit son cours ». C’est ce qu’on dit quand on ne peut pas en dire plus. Ce n’est ni positif ni négatif. C’est une invitation à la patience.
Il est 10h. Je veux bien patienter mais jusque quelle heure ? Parce que bon j’ai pas que ça à faire : à 13h, j’anime un atelier de gestion de projet auprès d’étudiants en dernière année.
Peut-être que ce sera l’occasion pour l’un ou l’autre de débarquer avec un flot de questions : Parce que pour mon prochain stage… Puis il y a le rapport à faire… Et pour cet examen… Et le stage suivant… Mais alors mon Travail de Fin d’Etudes… Et plus tard ?…
De la soupe. En fait, c’est ça : eux aussi font de la soupe.
Les informations continuent de circuler dans ma tête et d’un coup j’ai l’image de mon père, assis dans la cuisine en train de boire une soupe en lisant une Bande Dessinée. C’était sa pause du matin, une tradition quotidienne. Une collation sacrée. Personne n’aurait osé le déranger à cet instant.
Cette image me fait sourire. Finalement, la clé est peut-être là. Laisser les pensées se promener, circuler librement, les laisser aller et venir sans s’y attacher ou s’en préoccuper excessivement, ne pas leur permettre de nous influencer de manière négative. Et pendant ce temps, « tranquillou pépouze » comme disent nos ados, poser le téléphone qui nous draine, siroter une bonne soupe… pourquoi pas en lisant une BD ?
Je parie qu’après la dernière cuillère, les idées sont plus claires.
Pendant que les pensées se promènent… Bon appétit !
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